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Libération
Portrait

Mère fratrie.

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publié le 25 décembre 2002 à 2h16

C'était le 31 octobre 1962, dans un village du nord de la France. Treize enfants, tous frères et soeurs, sont arrivés devant elle, qui attendait sur le pas de la porte. L'une des fillettes l'a dévisagée, l'air interloqué : «Alors, tu es notre maman. Mais pourtant, tu n'es pas comme maman, tu n'as pas la même tête qu'elle. Comment on va t'appeler ?»

Geneviève Olry avait presque 40 ans. Elle s'était porté candidate, plusieurs années auparavant, au poste de mère SOS Villages d'enfants. Et attendait. L'association, toute récente, recrutait des femmes prêtes à élever des enfants orphelins ou retirés à leurs parents par une décision de justice. L'idée était de ne pas séparer les fratries. Certaines femmes ont accueilli trois, quatre, cinq enfants. Geneviève, treize : huit garçons, cinq filles. «C'était comme cela, je n'allais pas reculer.» L'aînée avait 15 ans, le plus jeune un an et pesait trois kilos. «Il va mourir», avait dit le médecin. «Il vivra, avait répondu Geneviève. Sinon, les autres ne me le pardonneront jamais.»

Quarante ans plus tard, ils sont tous là autour d'elle, qui se pressent pour tenir sur la photo. Ils ont organisé une journée de fête pour lui «rendre hommage». Elle est émue. Mais sans une larme. Au contraire, elle rit. Et le son de sa voix ne colle plus du tout à ce physique de vieille dame. C'est un rire qui s'envole.

A 17 ans, elle voulait être sage-femme. «Aider des enfants à venir au monde.» C'était la guerre à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), la famille

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