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Libération
Portrait

Paris tenu

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publié le 11 février 2003 à 22h12

Un matin de janvier, sur un marché de l'avenue de Saint-Ouen, à Paris. Une vieille dame s'approche d'Annick Lepetit : «Vous savez, madame, mon sang ne coagule plus, c'est ça mon problème.» La candidate socialiste l'écoute patiemment, prend le temps d'épuiser la conversation. «C'est mon côté assistante sociale.» Elle a un don particulier pour faire parler les gens, les écouter sans les juger. Elle fixe ses yeux noisette dans ceux de son interlocuteur, comme si elle accordait un crédit fabuleux à la parole des autres. «Les petites phrases, les formules chocs, ça ne marche plus. Il faut prendre le temps.» C'est l'ancienne attachée de presse de François Hollande qui parle. Et visiblement, cette méthode, calquée sur celle de Bertrand Delanoë, marche. Du moins à Paris. En moins de deux ans, alors que la gauche était balayée dans les urnes nationales, elle devient maire du XVIIIe arrondissement et députée de la 17e circonscription de Paris, battant à deux reprises Patrick Stefanini, un fidèle d'Alain Juppé qui a dirigé les deux dernières campagnes présidentielles de Jacques Chirac.

Le soir de sa victoire, elle était tendue, «profondément perturbée» par une faute d'orthographe dénichée à la dernière minute sur ses bulletins de vote. Nerveuse, mais fière d'être celle qui a planté le plus à l'ouest le drapeau de l'équipe Delanoë. Elle reconnaît franchement que sa proximité avec le maire de Paris l'a bien servie. Delanoë : «C'est un peu ma petite soeur. Pendant la campagne, j'essayais d