Quand Grégoire a vu Dimitri pour la première fois sur la pelouse du Stade de France chanter la Marseillaise, il avoue avoir été «fier et très ému». «J'avais une grosse boule dans le ventre. J'avais envie d'être à sa place. Mais ce n'est pas de la jalousie : mon petit frère est simplement plus doué que moi.» Le 23 novembre 2002, Dimitri Yachvili intègre le XV de France en remplaçant Fabien Galthié, à la fin du match contre le Canada. Samedi, Galthié blessé, Dimitri sera titulaire pour la première fois.
Même regard noir perçant mais plus doux que son frère, même carrure d'athlète mais plus grand, Grégoire Yachvili connaît, lui aussi, la saveur des matchs internationaux : il joue pour la Géorgie, patrie de son grand-père. Les règles internationales du rugby sont ainsi faites que tout joueur est autorisé à porter les couleurs du pays d'origine de ses grands-parents. Chaliko Yachvili, soldat de l'armée Rouge, fait prisonnier à Stalingrad par les Allemands, évadé, arrivé par hasard dans le maquis corrézien, a refait sa vie à Tulle (Corrèze). Son petit-fils, français, découvre la Géorgie en février 2001 pour un match contre le Portugal. «Quand je suis arrivé à 5 heures du matin à l'aéroport de Tbilissi, trente personnes de ma famille que je n'avais jamais vues m'attendaient. J'ai été invité partout, reçu comme un prince.» A l'heure des hymnes à Tbilissi, Grégoire ne pense qu'à son grand-père, décédé quand il avait 10 ans. «Il aurait été fier.» Gradins remplis, ferveur populaire, dra