Menu
Libération
Portrait

Rap et dérape

Article réservé aux abonnés
publié le 24 mars 2003 à 22h16
(mis à jour le 24 mars 2003 à 22h16)

Ils ont 19 ans en moyenne et la panoplie des gosses de banlieue : bas de survêtement noué au-dessus de la cheville et crâne rasé sous la casquette. Au milieu des garçons majoritaires, quelques filles venues en groupe. C'est la génération «T'inquiète» comme les appelle Booba, 26 ans, celui qu'ils sont venus voir en concert ce soir à Marseille. En deux albums et deux passages par la case prison, Booba, «l'Métisse café crème, le MC cappuccino» comme il se définit lui-même, est devenu le héros de ces jeunes qui «déchirent leurs amendes, se prennent pour les chefs tout en sachant qu'ils risquent plein d'emmerdes, qui foncent vers un mur en espérant qu'il soit en polystyrène».

Du haut de son mètre quatre-vingt-douze, ce métis franco-sénégalais rappe avec des cailloux dans la voix. Sa syntaxe, son jargon de la rue mêlé de mots arabes et d'images fortes («J'ai roté mon poulet rôti et recraché deux îlotiers») ont su capter l'attention d'une jeunesse qui se sent mal aimée, montrée du doigt par les autorités. Dans les quartiers, Booba et Ali, son complice d'origine marocaine dans le groupe Lunatic, ont piqué la vedette aux NTM et IAM depuis leur brûlot le Crime paie. Là, Booba, «criminel au MIC» (micro, ndlr), écrit : «Une grosse capuche recouvre ma tête grillée, pour deux-trois billets le chrome je fais briller.» Quelques mois plus tard, Elie Yaffa, de son vrai nom, est arrêté pour avoir agressé deux chauffeurs de taxi avec une arme à feu. Dans le rap français, une légende est née, Boo

Les plus lus