Ça commence bien. Sur un mur tout près de l'immeuble de Marie France, il y a une affiche de pub délavée : «Monroe, amortisseurs». Un signe. On est sur la piste de celle qui fut la Marilyn de Paris. Dans son cinquième étage, avec vue sur le Sacré-Coeur, elle reçoit en tenue de dimanche : pantalon argenté, twin-set parme décolleté, un léger maquillage sur sa peau opaline. C'est l'heure du thé, servi dans une tasse décorée de sa photo en voyante. Marie France, chanteuse, comédienne, ancienne reine du music-hall (elle fut longtemps Marilyn à l'Alcazar), égérie des nuits parisiennes, vient de sortir une autobiographie, où elle raconte tout : sa vie d'avant Marie France, ses années d'enfance pied-noir, puis l'éblouissement de l'arrivée à Saint-Germain-des-Prés, la scène, les scandaleuses «Gazolines» (avec leur cri de guerre : «bite !»), le théâtre, la chanson, le rock, le cinéma... Mais aussi, moins rose pailleté : la drogue, la vie à recommencer plusieurs fois à zéro, les amis morts du sida. Sur la couverture du livre, une photo d'elle par Pierre & Gilles, en Christ, auréolée de rayons, robe fendue et stigmates bien en vue. Marie France leur rend les honneurs à l'intérieur du livre, comme elle le fait pour beaucoup de gens, c'est son côté oscars hollywoodiens. «Pierre & Gilles m'ont offert avec leurs photos des clefs d'or qui m'ont ouvert le coeur, entre autres, des gays du monde entier.»
Gamin solitaire, dans la cour de son immeuble à Oran, il-elle passait ses journées à dessiner