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Libération
Portrait

Erik Orsenna Lieux-disant

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publié le 19 avril 2003 à 22h56

C’est un géographe qui aime trop les cartes pour ignorer qu’elles ont un envers et qu’il est de bonne civilité de ne jamais les retourner en pleine lumière. C’est un raconteur d’histoires qui connaît trop la sienne pour ne la livrer que masquée, convaincu que «les vrais secrets, on les tait». C’est un amoureux des amantes et un ami de l’amitié qui ne s’aime pas beaucoup, même si, en ces matières, le succès peut améliorer l’ordinaire. C’est Erik Orsenna, l’Elysée à 37 ans, le Goncourt à 41 ans, l’Académie à 51 ans, mais toujours convaincu qu’il sera une fleur tardive, un reconnu à l’ancienneté. C’est un homme charmant, spirituel, obligeant, qui évite d’encombrer la scènede ses malheurs. Jean-Marc Roberts, éditeur de toujours : «Je ne l’ai jamais entendu se plaindre. Ni de la critique, ni d’une femme, ni d’un boulot. Il ne montrera jamais sa détresse ni ses faiblesses. Question d’éducation, d’amour-propre, d’orgueil aussi.» C’est un stratège à planisphère et un arpenteur de portulans qui garde les lieux à l’esprit. Au point de prendre comme pseudo, un endroit imaginé par Gracq. Visite guidée.

Le Mali et Montreuil (ou la grammaire du cacao). Orsenna a abordé l'Afrique par les chiffres, quand on imagine l'attraction fondatrice plutôt magicienne ou charnelle. C'est le docteur en économie, spécialiste en matières premières (caoutchouc, coton, café, cacao, etc.), qui s'est saisi du continent noir. Il avait 23 ans quand il a débarqué à Dakar pour travailler sur le cours des arachides

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