Nue, entièrement épilée, au début du Songe d'une nuit d'été, droite face au public. Un murmure parcourt l'assistance du Théâtre de Nice. Sophie Duez joue Hippolyta dans la mise en scène audacieuse de Krzysztof Warlikowski. Elle reprend à Paris un autre rôle choc, dans Festen, drame grinçant de Vinterberg. A 40 ans, le théâtre est sa voie désormais trouvée.
Il y a vingt ans, elle était déjà nue, en couverture de Lui, star provo chez les mannequins. «Visage» de nombreuses pubs, elle était «un peu juste» pour être un corps de podium, mais le photographe Francis Giacobetti s'était chargé de le faire connaître. Joli visage, animal, nez droit, yeux verts, et un corps miniature proportionné, de beaux seins. Une petite bombe. «Je sortais d'un chagrin d'amour, j'ai dit OK à Francis pour des photos nature. Dix jours plus tard, j'étais affichée sur tous les kiosques de Paris.»
C'est en allant à la Sorbonne qu'elle découvre cette beauté du diable, la sienne, partout dans les rues. Séminaire de maîtrise de lettres modernes, sur «L'image et la métaphore». Les yeux du vénérable professeur n'ont pas croisé la nudité de sa plus brillante élève, mais ceux des autres étudiants, si : plus de métaphore, elle est l'image même du scandale. «Les étudiants sont assez coincés. Dans la recherche, les jolies filles ne sont pas très bien vues. Je n'avais pas la tête crédible pour être là. Alors, poser nue...» Car Sophie Duez, bac mention très bien à 16 ans, fut une bête à concours : hypokhâgne, khâgne à L