C'est le garçon ébouriffé, avec un bout de son T-shirt qui dépasse toujours du pull, plutôt gentil, plutôt drôle, tendre mais quand même un peu lâche, romantique mais dans l'équipe de foot. Il était assis au milieu de la classe, pas cabot des premiers rangs, pas grande gueule du fond, confident des filles, il leur piquait leur cahier de textes. Aujourd'hui, quinze ans plus tard, il regarde la photo du CE2 et sait le nom de chaque visage : «Caroline, Sandrine, Manuela ah, tiens, Manuela, on avait une sorte d'histoire...»
On a tous eu un Vincent Delerm dans sa vie, voilà sans doute pourquoi on croise aux concerts du jeune chanteur, révélation de l'année aux Victoires de la musique, des profs et des publicitaires, des ados et des mères de famille, des couples grisonnants, des quarantenaires en blazer, des bobos en retard. Il déboule d'un air faussement nonchalant, seul sur scène, saute sur son tabouret de piano et, «à chaque fois, c'est pareil. En cinq minutes, il a tout le monde dans sa poche», s'étonne encore une amie. Effectivement. En cinq minutes, la salle entonne le refrain de son idylle imaginaire avec une photo de Fanny Ardant, les couplets de ses efforts louables pour séduire les parents de sa copine («je suis prêt à tout pour que ça passe, dire du mal du voisin d'en face, supporter les Opel Vectra, et même regarder Thalassa»).
C'est que Vincent, 26 ans, un premier album vendu à 270 000 exemplaires, en concert à partir de mardi au Bataclan, a un secret. Ceux qui ne l'a