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Libération
Portrait

Une étoile aînée

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publié le 10 juin 2003 à 23h19

Un rencard avec le Soleil, c’est coton. D’abord, l’incertitude du protocole. Sire, Râ, Star, ô astre de nos jours... et s’il se fâche d’un impair ? Et puis, cet obstacle du dialogue délicat avec une boule de gaz brûlante : musique des sphères, mathématiques, odes en vers, équations ? Et c’est loin : cent cinquante millions de kilomètres.

S'approcher de l'étoile permet de vérifier une évidence désagréable : l'homme n'est pas la mesure de toute chose. Pourtant, «de constitution, nous sommes cousins», s'amuse-t-il. Mêmes atomes d'hydrogène, nés lors du Big-Bang. Mêmes atomes de fer et de carbone, forgés au coeur d'une étoile trop grosse qui les expulsa en explosant. A notre aune, il fait vieux : bientôt cinq milliards d'années. Il resplendit pourtant dans la force de l'âge, puisqu'autant d'années lui sont promises. Après, il enflera jusqu'à englober notre planète, exhibant un rouge éclatant. Enfin, il terminera sa carrière sous la forme d'une naine stellaire, blanche et brillante encore, durant dix milliards d'années. Destin sans surprise partagé par des milliards d'étoiles de la Voie Lactée.

Une telle expérience, ça vous donne un point de vue «de Sirius», ose-t-il. «Les civilisations sont mortelles, proclamait votre Valéry. Sont-elles même durables ?» interroge-t-il, vaguement inquiet. Lui a vu la Terre se former. Entrer en collision avec une planète grosse comme Mars, choc titanesque d'où naquit la Lune. Supporter vaillamment une pluie de comètes et d'astéroïdes. Puis se refroi

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