Ils ont beau être mariés depuis vingt-trois ans, lorsqu'elle parle de Iouri en public, Galina Bandajevskaya lui donne du «professeur» : «Le professeur Bandajevski avait une passion, la science, et vivait à travers elle. Ce n'était pas toujours facile de le suivre. A la fin de ses études, alors que nous habitions chez ses parents, il avait installé un millier de rats et de hamsters dans le garage, des poissons dans la salle de bains, des poulets et des coqs sur le balcon... L'expé rience lui était utile pour sa thèse. Ça a duré un an et demi. C'était un enfer.» Aujourd'hui Galina ne reconnaît plus son mari auquel elle a rendu visite en prison, à Minsk, à la mi-mars : «Fermé sur lui-même, faible et humilié. Jamais je n'aurais imaginé que la prison le toucherait à ce point.»
Scientifique renommé, le plus jeune professeur de médecine d'URSS, Iouri Bandajevski a été condamné en juin 2001 à huit ans de prison à régime sévère et a été adopté comme prisonnier d'opinion par Amnesty International (1). Il a été déclaré coupable d'avoir perçu pour 26 000 euros de pots-de-vin versés par des étudiants voulant entrer à l'institut médical de Gomel, dans l'est du pays, dont il était le recteur. Aucune preuve n'a été apportée. La fa mille Bandajevski vivait au contraire sur un train modeste : un petit appartement et une vieille voiture Jigouli pour toutes richesses.
En fait, le «crime» de Bandajevski était autre. Amnesty et les nombreux comités de soutien étrangers, notamment parmi les scientif