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Libération
Portrait

L’idole des gènes

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Axel Kahn, 58 ans, généticien. Ce pédagogue anticlonage se désole des coupes claires dans le budget de la Recherche
publié le 26 juin 2003 à 23h33

«Tu es le plus apte à faire durement les choses difficiles... Sois raisonnable et humain.» Du train d’où il se jettera quelques instants plus tard, le professeur de philosophie Jean Kahn avait pris soin de laisser ces derniers mots à l’intention de son troisième fils, Axel, 26 ans. Trente-trois ans plus tard, l’«élu» du père est devenu généticien, un chercheur insatiable, un intellectuel écouté et respecté. «Il ne se passe pas de semaine sans que je me demande si j’ai été raisonnable et humain. Et aussi, « pourquoi moi ? »», murmure Axel Kahn, son regard soudain durci par l’évocation du souvenir. Dans son bureau du magazine Marianne, Jean-François Kahn, le frère aîné, fronce les sourcils. «Je n’ai appris l’existence de ce message que beaucoup plus tard, cela ne m’a pas marqué...» Camille, la mère, bientôt 90 ans : «C’est drôle que vous évoquiez cette lettre. Axel m’en a parlé il y a peu. Après toutes ces années, il cherche encore à comprendre. Moi, je crois que c’est plus simple qu’on ne l’imagine. Axel étant médecin, son père pensait qu’il serait plus apte à régler certaines choses...»

Beaucoup ne se seraient jamais remis d'un tel héritage. Axel Kahn a ramassé ses traumatismes de fils et s'en est fait une sorte de viatique, un aiguillon. «Rien n'est plus humain que de faire de son métier la perpétuation des questions que l'on se pose quand on est jeune : "A quoi ça sert ? Pourquoi ?..."» Hanté par le sentiment de vide et de désespérance éprouvé dans ses derniers instants par

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