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Libération
Portrait

La langue d'Aladin

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publié le 8 juillet 2003 à 23h43

Quel est l'avenir de l'islam ? «L'avenir de l'islam, c'est Tariq Ramadan.» La phrase est de Hassan al-Tourabi et elle remonte au milieu des années 90. C'est le genre de compliment qui vous poursuit jusqu'à la fin de vos jours, quand il ne vous tue pas sur le coup. Surtout quand il vient du «pape de l'islamisme», qui invitait alors à Khartoum le Who's Who du jihad. Ramadan, trop orgueilleux, trop conscient de ce que cet adoubement pouvait avoir de dangereux, a décliné.

Ses nombreux détracteurs s'empareront probablement de l'anecdote pour ajouter une nouvelle preuve à l'épais dossier d'accusation. Tariq Ramadan, «l'islamiste chic», «le prince du double langage», «le cheval de Troie du jihad en Europe», etc. Que n'a-t-on lu et entendu à son sujet ? Peu d'hommes suscitent une aversion aussi disproportionnée, ou alors une telle adhésion. Certes, il est insaisissable. Théologien ? Il n'en a pas la formation. Prédicateur ? Il lui arrive de diriger la prière dans son Centre islamique de Genève, mais on le croise plus dans les MJC que dans les mosquées. Philosophe, comme il se définit lui-même ? Pas de quoi réveiller Descartes, ni Averroès. Tariq Ramadan est un intellectuel religieux ou un clerc séculier, à la manière d'Emmanuel Mounier. Mais Ramadan a un «défaut» majeur : il n'a pas la gueule de l'emploi. Un islamiste qui porte des gilets de minet, parle avec l'accent suisse et joue avec un art consommé de sa séduction de ténébreux oriental... Il y a aussi dans l'animosité que suscit

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