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Vincent Lindon, 44 ans, joue le calme pour dompter le nerveux, la star pour cacher le quidam. Et vice-versa.
publié le 30 juillet 2003 à 0h27
(mis à jour le 30 juillet 2003 à 0h27)

«Il dort», dit le serveur en indiquant le bar. Inutile de marcher sur la pointe des pieds. La moquette est épaisse à l'hôtel Lutetia. De toute façon, il ne dort déjà plus. Il est au téléphone. «C'est Bruel», glisse l'attachée de presse. «C'est son anniversaire.» Celui de Lindon, veut-elle dire. Lequel, à peine a-t-il raccroché d'avec l'ami Patrick, s'écrie : «Oh, putain ! Je vois déjà le papier. Le mec plein de tics, toujours au téléphone. J'en peux plus, du nerveux.» Va pour le calme. Une gueule du box office qui s'endort seul à 15 heures dans un fauteuil du Lutetia sait aussi se simplifier l'existence.

Il est même arrivé, exprès, avec une heure d'avance sur le rendez-vous. «J'adore ça les moments seul. J'ai commencé par m'accorder dix-douze minutes, maintenant je m'attaque aux journées. J'ai été un grand adepte du remplissage, j'ai voulu donner l'illusion du type qui fait, qui est en mouvement. Ça me passe. Au fur et à mesure que l'âge avance, je dois ressembler de plus en plus à mon père, ou alors je fais en sorte de lui ressembler. Je l'ai tellement entendu dire : "Je veux pas qu'on me fasse chier."» Son père est mort au mois de janvier.

C'était un monsieur bien mis, ancien patron d'industrie, frère de Jérôme, l'éditeur. Vincent Lindon se souvient d'un homme élégant, à tous les sens du terme, qui lui annonça tranquillement le divorce parental : «Maman est amoureuse de quelqu'un d'autre.» Il raconte une mère «pop» (elle était journaliste à Marie-Claire). «On parlait de tout

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