Menu
Libération
Portrait

Superbanco

Article réservé aux abonnés
Jean-Claude Trichet, 60 ans. Le gouverneur de la Banque de France s'apprête à gouverner la Banque centrale européenne.
publié le 11 septembre 2003 à 0h57
(mis à jour le 11 septembre 2003 à 0h57)

Jean-Claude Trichet sait mettre son visiteur à l'aise. Dehors l'orage s'épanche à gros bouillon sur l'hôtel de Toulouse, siège de la bicentenaire Banque de France. «Mais, vous êtes trempé, voulez-vous retirer votre veste ?» Et d'un geste lui-même tombe l'habit, apparaît en chemise, fines rayures bleu sur bleu, col italien blanc. Pas moyen de refuser : la vieille camisole ira épancher son trop-plein d'eau sur une chaise qui a dû connaître Louis XVI, sous un tableau du même siècle. Jean-Claude Trichet ne feint pas la politesse. Un instant, on l'imagine en noble d'Ancien Régime. Faut-il dire M. le gouverneur, ou Monseigneur ? Mais non, l'hôte rappelle qu'il est là en vertu de la Constitution républicaine.

Tombe l'inévitable «évidemment cet entretien est "off"». Marchandage un rien cocasse puisque le gouverneur prépare sa montée vers Francfort où l'attend la présidence de la Banque centrale européenne. Mais le «off» lui est consubstantiel. Au moins une fois par mois, Trichet reçoit une dizaine de journalistes, choisis dans les rédactions influentes, françaises et européennes, pour un petit déjeuner. Invariablement, le gouverneur, qui apparaît toujours avec les dix minutes de retard qui sied à la majesté de la Banque de France qu'il incarne, introduit la règle : «Ce que nous disons ne peut être reproduit entre guillemets. Il s'agit d'échanges pour votre information.» Au bout d'une heure, les journalistes qui pensaient recueillir la parole de l'oracle ressortent bien déçus. Dès qu'