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Libération
Portrait

Les yeux dans les vieux

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Renate Gossard, 62 ans, fondatrice en France des Panthères grises. Dynamise la sommeillante confédération des retraités.
publié le 18 septembre 2003 à 1h02
(mis à jour le 18 septembre 2003 à 1h02)

On va raconter l'histoire de Renate Gossard comme elle ne la raconte pas elle-même. D'emblée. Quand elle avait 6 ans, en 1947, sa belle-mère l'a perdue à la gare d'Austerlitz pour s'en débarrasser. Une fois pour toutes. Elle avait déjà fait une tentative. Raté: la petite avait été ramenée à son père. «Cette femme a passé deux ou trois mois à essayer de me paumer» dit simplement Renate. Comme le Petit Poucet. A Austerlitz, la belle-mère a réussi.

De cette femme, Renate Gossard s'occupe encore. «Elle a 89 ans, elle est dans une structure au Canada. Je téléphone régulièrement.» Comme elle s'était souciée de son père, l'homme qui avait laissé faire. Aussi, quand Renate Gossard dit que, oui, ce qui s'est passé cet été, c'est aussi «la faute aux Français» ; qu'on «a quand même une responsabilité pour ceux qui vous ont mis au monde» ; et qu'on «raye ces histoires de famille à la fin de la vie», elle sait de quoi elle parle.

Mais qu'on ne se trompe pas de personnage. Cette histoire-là, justement, Renate Gossard ne la livre guère. Ce qu'elle montre d'elle-même, c'est la rigolote fondatrice des Panthères grises en France. Le modèle, les Gray Panthers, est né dans les années 70 aux Etats-Unis, pour porter la révolte des vieux. La patronne d'alors, Maggie Kuhn, 84 ans, «avait un amant qui avait quarante ans de moins qu'elle. J'avais trouvé ça extra». Ce modèle éloigné des chaussons convient tout à fait à Renate qui s'empresse de s'y conformer, du moins pour le tonus. Parce que, côté vie s

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