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Libération
Portrait

Le feu sous la cendre

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publié le 20 septembre 2003 à 1h03

Dans une autre vie, Alain Vuarnet, 41 ans, n'aurait peut-être été que le rejeton nanti d'un champion olympique de ski. Adoubé pour conduire les affaires paternelles, gardien d'un nom qui fait vendre depuis quarante ans (avec des hauts et des bas). «Plutôt de droite» et fidèle aux valeurs familiales («honnêteté», «ténacité», «politesse»). Les locaux de Vuarnet Management, au coeur du vieux Genève, sont aussi feutrés qu'un hall de banque suisse. Le soleil de fin d'été enlumine les parquets de bois clair et les murs blancs où se détache la bonne dizaine de gammes de produits sur lesquels Vuarnet appose sa griffe : lunettes, skis, montres, eaux de toilettes, bagages, chaussures, combinaisons... Alain Vuarnet apparaît en uniforme de la marque : chemise avec logo, jean impeccable et mocassins beiges. Le discours est assorti au décorum : «C'est dans l'image que je suis le plus fort.»

A ce moment-là, Alain Vuarnet parle encore comme l'un de ses dépliants publicitaires où il est écrit que «bien dans sa tête autant que dans son corps, l'homme d'aujourd'hui est actif, sûr de lui et libre, tout en ayant une conscience certaine de son environnement.» «Il sait très bien compartimenter son existence», suggère un ami. Pas facile pourtant de passer de la «niche commerciale dédiée à la qualité et à la sportivité» (dixit le père), à l'arrière-boutique familiale où s'est ancré, il y a sept ans, un drame affreux. La mère et le plus jeune frère d'Alain Vuarnet ont été retrouvés carbonisés parmi qu