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Libération
Portrait

La longue marge.

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publié le 22 septembre 2003 à 1h04

Beaucoup s'en vanteraient, se bâtiraient des légendes du type «l'écrivain maudit», «victime d'une censure implacable»... Xu Xing, lui, ne cherche pas d'excuse pour n'avoir rien publié pendant dix-huit ans. «Je suis paresseux», dit simplement ce quadra tout en longueur, à l'allure adolescente. Ses amis confirment son propre diagnostic, mais ajoutent qu'il n'explique pas totalement pourquoi Xu Xing est resté un marginal, peut-être le seul vrai marginal de Chine.

Il y a bel et bien un «mystère Xu Xing» à Pékin. Voilà un jeune auteur qui, dans les années 80, a fait irruption sur la scène littéraire chinoise au moment où le réalisme socialiste prenait eau de toutes parts, et a réalisé un coup d'éclat. Son recueil de nouvelles, Variations sans thème (1), l'a aussitôt situé à «l'avant-garde» d'un nouveau genre : la culture «hooligan», individualiste et antisociale. Ses admirateurs le surnomment alors le «Kerouac chinois», héraut d'une «beat generation» postmaoïste. Et puis plus rien dans les librairies, jusqu'à ce roman, Et tout ce qui reste est pour toi, publié d'abord en France, et que la Chine, pour l'heure, ignore.

Au début des années 80, la Chine sortait à peine de la révolution culturelle et du collectivisme forcené de l'ère maoïste : une poignée d'artistes et d'écrivains commence à explorer d'autres voies que celles prescrites par le parti. Leurs héros ne sont pas les prolétaires de «l'aciérie numéro un» ou les paysans de la «brigade de production Lei Feng», mais, comme dans l

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