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Libération
Portrait

Coeur croisette

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publié le 24 septembre 2003 à 1h06

Dans la rue, une fille s'indigne. Des paparazzi coursent une blonde et un grand costaud. Elle a reconnu l'actrice d'Ally Mc Beal (dont elle a oublié le nom), mais pas Harrison Ford dont elle n'a jamais vu un seul film : «Ces pauvres gens se promenaient. Ils sont devenus blêmes, c'est comme si on leur arrachait leur vie !» Les voleurs d'images se sont vite envolés, sans un regard pour la jolie brune en jean et sweat fatigués, sur le bord du trottoir. Ils ont raté Marie-Josée Croze, prix d'interprétation féminine à Cannes pour Les Invasions barbares, dernier film de Denys Arcand. Elle dit, fronçant les sourcils : «Pourvu que cela ne m'arrive jamais, ce cirque. C'est tellement choquant. Tout sauf être star, ils ont tous des masques de cire et des lunettes noires.»

A Cannes, c'est le réalisateur qui a reçu le prix. Marie-Josée Croze avait rendu ses pantoufles de vair à Christian Dior la veille, et rechaussé ses Nike pour rentrer au Québec, «plus d'argent.» La récompense, qui semblait dévolue à Nicole Kidman, lui est tombée dessus en direct sur un plateau de télé de Montréal. La mine catastrophée, elle répète : «C'est une erreur, ils se sont trompés.» Ce prix, pour un second rôle (une héroïnomane prosélyte), première apparition à la 48e minute du film, «c'est trop», dit-elle. Comme si la gloire subite signait la mort de quelque chose. Une heure après, tout Montréal la cherchait. Marie-Josée était chez elle, seule, portable coupé, «en état de choc». Elle voulait une récompense coll