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Libération
Portrait

Succès d'intime.

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Bénabar, 34 ans, auteur-compositeur-interprète qui chante le quotidien, entame une tournée à guichets presque fermés.
publié le 6 octobre 2003 à 1h15
(mis à jour le 6 octobre 2003 à 1h15)

Un petit homme. L'air perdu. Les yeux qui cherchent à droite, à gauche. Les mains qui se tordent. Tout à l'heure, sur scène, les bras brassaient, les jambes twistaient, il s'envolait, exhortait ses musiciens, disait pour rire qu'il était Raël, vannait un public écroulé à sa moindre mimique, des centaines de sourires reprenant en choeur ses états d'âme de trentenaire urbain : «Dans la table de nuit y'a plus d'capotes mais d'l'aspirine, y'a une fille qu'habite chez moi.» On attendait Bénabar le loufdingue rigolard, révélation de la chanson française post-2000. On pensait déjà claque dans le dos, fillette de rouge et lui debout sur la table, à lancer un karaoké géant. Mais, dans ce café aseptisé du XXe arrondissement, sa veste de costume pliée sur la chaise, sa jambe battant la chamade sous la table, le garçon timide commande un Coca et murmure à peine...

Pourtant, on le connaît. Omniprésent médiatiquement depuis le succès de son deuxième album en 2001, en plein dans la vague de la nouvelle chanson française, «terme de journaliste» (selon lui) pour évoquer le succès des Delerm, Sanseverino, Keren Ann et autre Biolay. Bruno Nicolini, alias Bénabar, 34 ans, auteur-compositeur-interprète, surfe sur l'engouement pour le détail quotidien justement croqué, le journal intime comme vivier à chanson conviviale. Bénabar nous parle de nous. Nous, les insérés pas tout à fait à l'aise : «Est-ce ma faute à moi/si j'aime le café et l'odeur du tabac/me coucher tard la nuit me lever tôt l'après-