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Libération
Portrait

Famille de soutien

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publié le 9 octobre 2003 à 1h19

Scène d'une drôle de vie familiale. A la tribune, Mélanie, 18 ans, des airs d'adolescente sage mais une assurance chromée par l'adversité et l'atavisme, célèbre sa mère, Ingrid Betancourt, lutteuse anticorruption en Colombie, candidate Verte à la présidentielle, détenue par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) depuis dix-huit mois. Entre gros rhume et Kleenex, devant des comités de soutien énamourés, la jeune fille affirme : «J'ai toujours admiré maman. Ce qu'elle incarne au mieux, c'est le courage.» Un blanc, et puis : «Papa, aussi...» A ses côtés, Fabrice Delloye, père de Mélanie et ex-mari, redevenu «Monsieur Ingrid» par la force de l'enlèvement, s'amuse du souci égalitaire de sa fille d'un : «Quel courage ? Celui d'avoir supporté ta maman aussi longtemps ?»

L'histoire commence à Paris, à la bibliothèque de Sciences-Po. Fabrice vient d'entrer comme attaché commercial au ministère des Affaires étrangères. Un père héritier des grandes familles sucrières du Nord, une mère issue d'une lignée de banquiers. Fabrice, la trentaine, a déjà un fils, en assure la garde, cherche une baby-sitter. Ingrid, 19 ans, prépare le concours d'entrée de la rue Saint-Guillaume. Un père qui fut ministre de l'Education conservateur à Bogota et ambassadeur en France. Une mère reine de beauté, fondatrice des refuges pour les enfants des rues, souvent impliquée dans les campagnes des libéraux. Approche, attraction. Souvenirs d'Ingrid : «F. était intelligent et cultivé, ouvert sur le m

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