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Libération
Portrait

Objectif dune

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publié le 22 octobre 2003 à 1h29

Ce serait un bel et grand appartement sur la Seine. D'un côté, on verrait l'Hôtel de Ville ; de l'autre, on pourrait toucher les gargouilles de Notre-Dame. Dans la lumière tamisée, on devinerait les arabesques d'un tapis précieux. Sur le canapé en cuir, on feuilletterait des livres d'art. La lumière tamisée éclairerait une mappemonde et des lithographies japonaises. Quelques meubles patinés émergeraient de la pénombre. Ce serait un écrin parfait pour une princesse de roman-photo.

Sauf que Reem al-Faysal est une vraie princesse et qu'elle fait de la photo. Son grand-père était le roi Fayçal d'Arabie. Comment concilier cela ? Avec humour et énergie. Partout où elle passe, Reem al-Faysal sème un joyeux désordre. Elle débarque en baskets et pantalon sport, les doigts couverts de bagues, le voile égaillé par d'énormes boucles d'oreilles, les yeux cachés par de voyantes lunettes de soleil. Ses manières sans façons tiennent plus de la paysanne du Nil, rigolarde et la tête près du bonnet, que de Schéhérazade.

Benjamine de trois enfants, elle a cette capacité au bonheur et cet égoïsme propres aux petits derniers. «Dans la famille, j'étais la fille de tout le monde. Mes parents m'ont toujours dit de faire ce que j'aimais.» Elle aurait pu se la couler douce, entre l'avenue Montaigne et Kensington, à vider les comptes en banque et les boutiques de luxe. C'est le lot de ses cousines schizophrènes, entre abayas noires et petites robes Gucci. Comment peut-on être saoudienne ? Dans la famille

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