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Libération
Portrait

Maculée conception.

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publié le 27 octobre 2003 à 1h34

Au bout de quinze ans et 20 000 euros de psychanalyse, il a enfin appris à parler de son père : «C'était un prêtre. Mes sept frères et soeurs et moi étions donc comme interdits.» Mais c'est en évoquant sa mère qu'il conclut : «Elle pouvait être méchante. Je pense que cette femme très croyante n'avait jamais accepté son sort.» C'est lâché comme par accident, au moment de se séparer à la terrasse d'un café. Marc Bradfer, 43 ans, secrétaire général des Editions Loubatières à Toulouse, n'en a peut-être pas encore tout à fait fini avec ses secrets de famille. D'ailleurs, il les publie aujourd'hui.

«Avec ses yeux bleus et ses joues roses, on dirait que ce type ne sait que sourire», apprécie une auteure de sa connaissance. «Je crois pourtant savoir qu'il n'a pas eu une enfance trempée dans le miel», ajoute un ami graphiste. Une enfance faite des cris «hystériques et violents de [sa] mère», et lourde des secrets de son père, confirme l'intéressé, septième de la fratrie. Ce n'est qu'à l'âge de 15 ans que Marc Bradfer a appris d'un de ses aînés que leur père était prêtre à Fourmies, dans le Nord, quand il a aimé la jeune et pieuse Jacqueline Courson. L'institution a alors mis Albert Bradfer au ban, en 1943, mais sans jamais risquer le scandale. Elle ne lui a pas demandé de renoncer à ses voeux. C'est donc un prêtre pas même défroqué qui est parti s'exiler à Toulouse pour travailler en usine. Et qui gardait son calice caché dans la cave de la maison où vivait toute la tribu. Cette révél