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Portrait

L'espionne qu'il aimait

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publié le 6 novembre 2003 à 1h44

Le bon vivant Joseph C. Wilson IV a rencontré la discrète Valerie Plame il y a six ans, lors d'un cocktail à Washington. Ce fut le coup de foudre. Ils ont pris un café, il lui a expliqué qu'il était conseiller politique du commandement des forces armées américaines en Europe, et lui a raconté sa vie d'aventures : l'enfance itinérante entre la Californie, la France et l'île de Majorque, à la remorque de ses parents journalistes. Sa période hippie, à l'université de Santa Barbara (Californie), à la fin des années 60. La menuiserie, qu'il a pratiquée pendant cinq ans sur la côte ouest, contre-culture oblige. La diplomatie et la plongée dans l'Afrique des années 70. L'Irak, où il a été, en 1990, le dernier officiel américain à rencontrer Saddam ; le Gabon dont il était l'ambassadeur... Un CV abracadabrant, que la jolie blonde, alors âgée de 34 ans, a jugé difficile à gober. Elle se présentait plus modestement : quelque chose comme consultante sur les questions énergétiques pour un obscur cabinet.

En réalité, Valerie Plame était un agent de la CIA. En bonne professionnelle, elle a aussitôt fait vérifier, sur la base de données Nexis Lexis, les dires du galant. «Après tout, je pouvais être un petit voyou racontant n'importe quoi pour la draguer», sourit Wilson avec indulgence. Assis derrière son bureau, il dévide l'histoire, dans un français parfait, tout en égrenant un chapelet que lui avait offert Nizar Hamdun, le vice-ministre des Affaires étrangères irakien.

Pendant les première

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