Alors, c'est comment le monde, de l'autre côté du miroir ? «Bor délique, chaotique, cre vant.» Et aussi «exaltant, passionnant, excitant.» Elle alterne énergie communicatrice et candeur apparente. Car elle s'avère moins Alice au pays de l'émerveillement que désireuse d'«être», après avoir «eu». Il vaut mieux, quand on a troqué un job à 6 000 euros mensuels à France Télécom contre un CDD à 2 000 euros au FSE. C'est ainsi que Julie Paratian, ancienne bonne élève du «capitalisme aveugle» s'aventure sur le terrain (le terreau) de l'altermondialisme. «Certaine», à 32 ans, en ex-championne d'aviron passée au yoga, d'avoir trouvé le chemin de son karma. «Fière», surtout, «d'être en cohérence» avec ce qu'elle ressent, «d'aligner ses valeurs sur ses actes», «consciente» d'avoir «participé activement au système» pour mieux tenter de le remodeler aujourd'hui.
Décembre 1999, Etats-Unis, côte Est. Elle est dans la peau d'une brillante directrice du développement pour France Télécom (Wanadoo) à New York. La diplômée de HEC est devenue petit soldat de la nouvelle économie. L'époque est à la dévotion au dieu profit, au culte du roi dollar, au nihilisme-nombrilisme. Elle surfe d'un colloque sur la «libéralisation des marchés» à une interview au journal Forbes, des soirées «hype» où «des amis pètent les plombs en devenant millionnaires en un jour» à des cours de chant sur Broadway. Décembre 1999, Etats-Unis, côte Ouest. A Seattle, 30 000 personnes prennent la rue, la parole.. et la mécanique