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Libération
Portrait

Pote de velours

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publié le 21 novembre 2003 à 1h59

L'homme a tout d'une crème : placide, patient, attentif, attentionné, enjoué, empathique. Mais le politique à qui une France médiévale et latine continue à réclamer des manières seigneuriales même si elle l'asservit à son inconstance, peut pâtir de ces qualités humaines mieux adaptées au social-féminisme scandinave. Trop discret, trop bonne pomme, trop soucieux des autres, manquant de brio, de panache, de vigueur, d'ambition. Jean-Paul Huchon a longtemps vécu dans l'ombre. Celle, tutélaire et tuante, de Rocard, vingt-cinq ans durant. Celle de DSK lors de la campagne des régionales en 1998. Et celle, émergente, de Delanoë, qui pourrait obscurcir sa première sortie en gloire à 57 ans, sa reconquête en nom propre de la région qu'il préside, l'Ile-de-France. Mise en lumière, façon questions-réponses.

Explosif ou démineur ? A dix ans de distance, Huchon s'est retrouvé à concilier les contraires, à négocier l'impossible. 1988, le «dir cab» de Rocard a une majorité relative à l'Assemblée et une querelle fratricide avec l'Elysée de Mitterrand. 1998, le président de région a une opposition gonflée aux hormones. A chaque fois, Huchon fait merveille. Marie-Pierre de la Gontrie (PS) décrypte ainsi sa méthode : «Il laisse passer les orages, s'exprimer l'adversaire et, sur le long terme, il arrive à son but.» A sa manière, décontractée et humoristique, Huchon se rengorgerait volontiers de ces travaux d'Hercule diplomate : «Ce que j'ai fait, aucune bête ne l'aurait fait.» Et de détailler se