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PORTRAIT

La ligne rouge

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Daniel Bensaïd, 58 ans, philosophe. Soixante-huitard sentimental, tête pensante de la Ligue communiste révolutionnaire, il a conservé sa foi de moine-soldat anticapitaliste.
publié le 28 avril 2004 à 0h22
(mis à jour le 12 janvier 2010 à 14h49)

Le philosophe Daniel Bensaïd, théoricien de l'ex-LCR et du Nouveau Parti Anticipaliste, est décédé à Paris mardi matin, des suites d'une longue maladie. Nous republions ci-dessous un portrait de lui, datant d'avril 2004.

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Et si la chasse aux soixante-huitards se calmait provisoirement ? Ils ont tout sapé, tout gagné, tout occupé. Rien laissé, rien lâché, rien transmis aux générations suivantes, a-t-on beaucoup écrit. Mais, depuis le frémissement éditorial et historiographique (entre autres Edwy Plenel, Benjamin Stora, en ce moment Bernard Kouchner et Cohn-Bendit) consécutif aux non-dits de jeunesse de Lionel Jospin, le procès récurrent fait à la disparate cohorte 68 prend un tour moins hargneux. Peut-être plus juste. Du genre : «Regardez, ils deviennent presque modestes en se racontant.» Ou, plus psy : le soixante-huitard, comme tous les pères putatifs est, selon une formule consacrée, celui qui ne répond pas aux questions qu'on ne lui pose pas. Justement, Daniel Bensaïd répond aux questions. Simplement. Il dit des trucs bêtes et explicites comme : «Il ne faut pas oublier que nous étions la première génération médiatisée. Sur les barricades, certains négociaient déjà les photos à Paris Match.»

Ce n'était certainement pas lui. Personne ou presque ne connaît ce philosophe. Maître de conférences à Paris-VIII. Globe-trotter militant. Eminence grisonnante à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Il fait pourtant de régulières et prolifiques apparitions éditori

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