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Gaspard Ulliel, le chemin des dames

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L’acteur français est mort ce 19 janvier 2022 dans un accident de ski à l’âge de 37 ans. Nous republions son portrait paru en dernière page de «Libération» en 2004.
Gaspard Ulliel à 19 ans, en septembre 2004. (Jean-François Baumard)
publié le 23 octobre 2004 à 2h42

C’est peut-être ce doberman qui, en le griffant à la joue lorsqu’il avait 6 ans, lui a transmis un peu de ses gènes. Gaspard Ulliel en a gardé une drôle de cicatrice sous la pommette gauche. Un guillemet laissé ouvert. Une encoche qui se plisse quand il sourit et lui donne alors, selon l’humeur et la lumière, quelque chose d’animal. Un côté enfantin ou inquiétant. Parfois les deux, et c’est encore plus troublant.

La caméra adore. Quand sa gueule d’ange balafré apparaît, elle bouffe l’écran. Ce n’est pas un hasard si ce comédien d’à peine 20 ans se retrouve ces jours-ci en haut de l’affiche de deux films. Un long dimanche de fiançailles, la dernière production de Jean-Pierre Jeunet (le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain) et surtout le Dernier Jour de Rodolphe Marconi, un film intimiste, sombre, oppressant comme un ciel d’orage, qu’il porte sur ses épaules de bout en bout. Comme Laurent Terzieff ou Lambert Wilson avant lui, ce jeune homme a une sorte de grâce dangereuse, efflanquée.

Sa mère, Christine, raconte que sa passion du cinéma remonte à ce soir de 1988 quand, pour regarder un film en paix, elle l’a assis à ses côtés devant la télé. C’était Jules et Jim. Il avait 4 ans. Coup de foudre pour Jeanne Moreau. Trop joli pour être vrai. Mais il confirme.

La suite est plus banale. Fils unique de parents stylistes, Gaspard passe son enfance entre l’école et l’appartement familial, dans le centre de Paris, où il dessine pendant des heures. Sans problèmes ma