C'est un besoin assez tardif et ambigu. Sylvie Borel a attendu ses 37 ans avant de s'assumer publiquement comme la fille meurtrie, humiliée et ayant toujours refusé de porter son nom, mais la fille tout de même de Francis le Belge, le dernier-parrain-du-milieu abattu le 27 septembre 2000 dans un chic PMU parisien. Coïncidence du calendrier, cette confession lâchée en pleine période de soldes tient de la liquidation radicale d'un mythe de papier édifié en trente ans de chroniques plus ou moins fascinées. «Pendant des années, il m'a détruite. En grande partie à cause de lui, je ne me sentais pas aimée et pas aimable. Maintenant, ça va mieux.» Les anciens associés ou amis du padrino, ceux qu'elle égratigne comme «les assistés du Belge» hurlent à l'hérésie. Car c'est peu dire que l'image du Corleone du Vieux-Port, qui doit son surnom au patronyme flamand de son père, imprononçable pour les Marseillais, costaud adoré de toutes les frangines du rivage mais aussi de quelque blonde chanteuse à forte poitrine, en prend un sérieux coup. C'est même carrément une seconde mort. Le jour de son exécution à l'Artois Club, dans le triangle d'or de la capitale, on quittait un personnage de Melville, pas un ange ni un modèle d'humanisme mais un homme doué d'une indéniable grandeur dans l'art de filer une certaine tradition du voyou français, plus artisanal que ses cousins siciliens et plus romantique que ses correspondants nord-américains. Sylvie Borel, elle, raconte un compulsif coureur de ju
Portrait
Un pater et des aveux
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par Alain LEAUTHIER
publié le 22 février 2005 à 0h41
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