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Libération
Portrait

M. le messie

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publié le 13 juin 2005 à 2h34

Un futur «BHL» à entarter d'urgence ? Ou le messie intello radical et singulier, enfin jouable par les trentenaires pleurnicheurs ? Elle le rêve déjà en possible «porte-parole intellectuel». Comme il fut le chouchou littéraire de Libération ou des Inrockuptibles. De fait, cet autodidacte obstiné (juste le bac) reste plus créatif et moins normatif que la plupart de ses congénères. Moins bien coiffé aussi. Eternel étudiant postdeleuzien, il affiche une vitalité insolente, développe une pensée joystick originale dans un style amphigou-lyrique inimitable. Pour sortir l'époque de sa négativité, ce fils d'informaticien chez Bull a opportunément incorporé dans son logiciel personnel (et remixé dans une dizaine de romans ou essais) les paramètres essentiels des années 2000 : sexe, mensonges et jeux vidéo ; Tomb Raider, Matrix et Hot Video. Mieux : à lui tout seul, il se voit réaliser le dépassement dialectique ultime : ranimer la communauté désenchantée en réactivant ses pulsions politiques et dionysiaques étouffées. Seul problème, récurrent chez ce type de génie générationnel : à quel prix applique-t-il son séduisant programme ?

A son âge, en effet, il compte déjà plus d'ennemis au compteur qu'un soixante-huitard renégat. MBK dispute d'ailleurs à BHL, outre des initiales trademark, une étonnante faculté à capter sur sa personne très douce et placide, la haine passionnée comme l'engouement déraisonnable. Son ex-femme, la romancière Chloé Delaume, se demande ironiquement si son «blair