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Libération
Portrait

PuriÞcation éthique

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publié le 17 juin 2005 à 2h38

Svetlana Broz ne s'affiche pas en fière héritière. Et ne convoque pas son grand-père, Josip Broz Tito, le maréchal autocrate de la Yougoslavie, pour asseoir une légitimité ou brandir une carte de visite. Cinquante ans, l'élégance un peu compassée, c'est une femme prudente et réservée qui reçoit dans sa maison sur les hauteurs verdoyantes de Hadzici, à une vingtaine de kilomètres de Sarajevo.

On y trouve trois traces de Tito. Une petite gravure en bois sur une étagère chargée d'essais sur les guerres irakiennes et afghanes, une photo méconnaissable du partisan-combattant de 1943 et, à l'entrée de la cuisine, un sobre portrait lithographié le figeant en hiérarque communiste à la fin de sa vie. Rien de plus. Pour les anecdotes, la vie de famille au temps du socialisme yougoslave autogestionnaire, il faudra frapper à une autre porte. «Je n'ai aucun droit moral à parler de lui et je me suis toujours refusée à m'en servir comme d'un faire-valoir.» Qu'a-t-elle ressenti le 4 mai dernier, vingt-cinquième anniversaire de la mort de Tito ? «C'est un jour particulier. Triste et heureux à la fois, car c'est aussi l'anniversaire de mon fils de 25 ans.» Silence. Avec un sourire las, elle verrouille le chapitre personnel. Tout juste concède-t-elle que, dans les six anciennes républiques de la Yougoslavie d'avant-guerre, le nom de Broz, celui d'une «famille antifasciste», restait «connu» et qu'il «a pu faciliter» les contacts. Bel euphémisme. Ce nom, dépositaire d'un passé commun érigé sous l