Autant l'un est solaire, autant l'autre est lunaire. Cantat, belle gueule extravertie et starisée à la langue rimbaldienne, incarne rigoureusement l'icône rock chantante, façon Jim Morrison. Teyssot-Gay, visage émacié et habité, le plus souvent mutique ou langue pudique, a donné chair au son de guitare, reconnaissable entre mille, du plus grand groupe de rock français depuis Téléphone. Les deux sont amis d'adolescence. «Des frangins», résume le peintre brestois Paul Bloas, ami du combo bordelais.
Longtemps resté volontairement dans l'ombre de Bertrand Cantat, le phare de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay se glisse désormais délicatement dans la lumière pour parler de ses nouvelles activités. Mais en prenant bien soin de se tartiner d'écran total. C'est ainsi que toutes les tentatives d'éclairer son intimité ne se heurtent pas à un refus sec et agacé. Non, l'homme est trop doux et gentil pour cela, «les seules gens haïssables sont dans la politique et les affaires», se permet-il tout juste. Ces interrogations glissent sur un visage gêné, pour finir dans un silence souriant. Ses trois filles et leur éducation ? «Je crois que je n'ai pas envie d'en parler.» Son enfance ? «Ma mère était secrétaire. Mon père dans les travaux publics, je crois... Ils se sont séparés neuf mois après ma naissance à Saint-Etienne. J'ai déménagé avec ma mère dans la banlieue de Bordeaux.»
Il sait une question incontournable. Il l'attend, autant qu'il la redoute. Comment a-t-il