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Libération
Portrait

Mère colère

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publié le 1er septembre 2005 à 3h30

«Ce que je vais dire à Poutine ? Que c'est lui que je tiens pour responsable de la mort de nos enfants. Et que les coupables doivent assumer leurs responsabilités.» Assise dans son appartement, à quelques mètres de l'école de Beslan où son fils a été tué avec 330 autres otages, le 3 septembre 2004, Soussanna Doudieva parle doucement, sans élever la voix, malgré l'énormité de ce qu'elle dit. Seules les larmes qui, de temps en temps, ruissellent sur ses joues expriment son émotion. Au bout d'un an de pleurs, de manifestations et de lettres restées sans réponse, elle et les quelques dizaines d'autres mères qui se battent pour apprendre la vérité sur la prise d'otages ont enfin obtenu audience auprès du président russe. Un rendez-vous accordé à Moscou, le 2 septembre, en pleine période de commémoration de la mort de leurs enfants.

«C'est une offense de plus, un coup de plus pour nous, observe Soussanna. Sans doute les conseillers qui ont suggéré cette date à Poutine ont-ils pensé que ce jour-là notre deuil nous interdirait de faire le voyage à Moscou. Le cynisme des gens du pouvoir n'a pas de limites. Ils sont capables de faire leur propagande même sur le sang des enfants. Mais cette insulte de plus, nous sommes aussi capables de la surmonter, pour apprendre la vérité. Nous voulons savoir qui a pris la décision de tirer sur l'école avec des lance-flammes et des tanks. Et nous voulons que les responsables soient condamnés. Certains disent que le Président était mal informé. Mais l

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