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Libération
Portrait

Chérie tchador

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publié le 13 septembre 2005 à 3h39

Téhéran est une ville de science-fiction. On y traverse sans cesse des mondes parallèles. Et de toutes sortes. Il suffit de soulever un coin du voile. Ici, des miliciens en treillis, l'oeil aux aguets, en principe à l'affût des mèches de cheveux évadées des foulards. Là, des élégantes au nez refait, le front à ce point botoxisé par Touraj N., le chirurgien à la mode, qu'elles en ont perdu l'usage du froncement de sourcil. A quelques années-lumière de là, soit quelques quartiers plus au sud, d'autres jeunes filles aux tchadors anthracite se préparent à gagner la ville sainte de Qom pour jeter dans le puits aux désirs un message demandant à Mehdi, l'imam des temps futurs, disparu il y a une douzaine de siècles, de leur trouver un gentil mari. Ici, un ministère avec des technocrates en petits costumes étriqués à la mode islamique. Là, un studio, avec des cinéastes en jeans qui filment leur nombril en rêvant à Cannes. Dans une mosquée, des dévots prient avec ferveur à côté d'une salle de musculation branchée qu'aurait pu fréquenter Schwarzenegger, d'un café-bouquiniste fermé parce que filles et garçons s'y faisaient les yeux doux ou d'un cénacle d'intellectuels fumeurs d'opium en plein débat sur la validité des thèses heideggériennes. L'ailleurs commence au coin de la rue. Le monde de Shadi Parand, c'est la haute couture et le prêt-à-porter made in Téhéran. Des créations rageusement sexy, assez provocantes en ces temps de rigueur idéologique tout en demeurant d'inspiration irani