Au Fairmont de Monte-Carlo, le chef de rang l'a repéré . La tête de Justin Gatlin devient familière, peut-être parce qu'elle rappelle la bouille ahurie et planétairement identifiable de Will Smith, le «Man in Black» le plus digestible pour l'Amérique de la fracture raciale. Le soir, lors du gala annuel de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), le jeune Américain a été privé de la couronne convoitée de «meilleur athlète de l'année», décernée à l'Ethiopien Bekele. Il a eu la consolation d'être sacré «meilleur performeur» 2005 pour sa double victoire (100 m et 200 m) aux Mondiaux d'Helsinki, cet été. Avec ses médailles d'or (100 m) et de bronze (200 m et relais 4 x 100 m) aux JO d'Athènes, en 2004, son palmarès provisoire suffirait à contenter bien des Européens, mais Gatlin s'inscrit dans une tradition autrement exigeante. «Aux Etats-Unis, la concurrence est forte. J'ai 23 ans. A 30, je serai carbonisé, fini. Il ne faut donc pas attendre pour s'imposer.» En conséquence, son programme pour l'avenir ne laissera pas de place à l'improvisation et à l'insouciance : «Je ne me fixe aucune limite. Je veux tout ramasser, être le roi», répète-t-il.
L'emphase a fait craindre un moment le gros melon. Or, en interview, Gatlin se révèle cool et affable, le parfait boy next door avec lequel il fait bon écluser une Ice Beer lors du barbecue dominical. «Vous avez une histoire à raconter et moi je suis le sujet de cette histoire, alors je suis plutôt censé vous aider, non ?» dit-il su