Elle a une façon de passer inaperçue qui attire tous les regards. Elle porte une pelisse de laine multicolore qui sculpte ses épaules de nageuse en eaux fortes, en eaux troubles. Pas du tout petit chaperon rouge, ne craignant pas de tirer la barbichette des loups les plus velus, elle a pourtant rabattu une capuche sur son visage, histoire de mieux intriguer les belles dames et les beaux messieurs qui prennent le thé dans ce palace qui fait face à son appartement. Et elle retire ça avec la majesté nécessaire, pour apparaître en jeans et tee-shirt et venir s'asseoir tout près, vous parlant presque sous le nez, à l'italienne, comme le fait Carla Bruni.
L'amusant c'est qu'Emmanuelle Seigner revendique l'intégrale des attributs des stars du passé quand les actrices d'aujourd'hui préfèrent la quotidienneté humaniste et la proximité caritative. Elle veut les marches montées, poitrine en avant, sous les flashs envieux. Elle tient aux mystères des rumeurs qui l'enveloppent d'un halo pourpre, quand tant d'autres s'appliquent à séparer rôles et réel, à se housser dans leur normalité une fois les projecteurs éteints. Elle se refuse à dire son mot sur l'actualité, à prendre parti, au risque de rendosser la peau d'âne mitée des ravissantes idiotes, ou plutôt la parure désuète de l'éternel féminin ne se mêlant pas des affaires du monde. Et elle laisse brûler le soufre supposé de son union avec Polanski, son aîné de trente-trois ans, amateur réputé de lolitas, qu'elle connut quand elle était