Menu
Libération
Portrait

Transports en commun

Article réservé aux abonnés
publié le 18 novembre 2005 à 4h36

Ils se sont mariés le 4 octobre. Bonne idée : c'était le début de la grève contre une éventuelle privatisation. «On ne pouvait plus changer la date, on avait publié les bans», dit-il. «C'est le cadeau que nous a fait Bernard Thibault», rigole-t-elle. Drôle de présent. Le 4, les deux conducteurs de bus ont fait AG le matin, mariage l'après-midi, pot au dépôt. «Le voyage de noces, on l'a passé sur la Canebière, avec banderoles, fumigènes et pétards», dit Robert. Il dure depuis sans grande interruption. L'un se lève à 4 heures, débarque à la RTM (Régie des transports de Marseille), colle les affiches, prépare les tracts. L'autre garde Thomas, 4 ans, jusqu'à ce que la nourrice arrive, puis rejoint son conjoint. Voilà la vie des époux Zaragoza. Robert, 52 ans, pied-noir arrivé d'Algérie à 9 ans, fils de soudeur et Isabelle, 46 ans, une formation de chimiste puis dix années de femme au foyer pour élever ses filles. Elle a atterri dans le transport par hasard, grâce à une amie : «J'ai aimé ça, j'ai continué.» Elle a été la première femme embauchée dans une société de transports d'Aubagne avant de rejoindre la RTM, où elle a connu Robert. Ils se sont aimés. Militants CGT, ils se battent. C'est l'amour le poing levé.

Chaque jour, le rituel de la grève s'avère «beaucoup plus fatigant» que celui du travail : toujours «sous tension», à fumer comme des pompiers ­ au moins, au volant du bus, ils ne clopent pas. Adieu la pétanque, la musique et la pêche (pour lui), les puzzles et la natatio

Les plus lus