Chaque jour, sur son site web, il tient son journal.
8 novembre : «Vous savez, je mentirais si je disais que je ne suis pas préoccupé en commençant une tournée en France maintenant. Il semble que chaque nuit les émeutes empirent (...) Si j'étais français, j'aurais de sérieuses craintes que celles-ci ne poussent de plus en plus d'électeurs vers l'extrême droite...»
10 novembre : «Nous venons d'arriver à Bordeaux, et je dois dire que tout semble calme ici. A ce que j'ai entendu, les émeutes se calment doucement. C'est bien. J'ai beaucoup d'amis qui m'écrivent et me disent leurs craintes de me savoir en France...»
11 novembre : «Et, elle revient notre bonne vieille copine, l'insomnie. Je ne la comprendrai jamais, elle est irrationnelle. J'ai un lit, un lit très confortable. Mais le sommeil ne vient pas (...) Mon corps me hait.»
Ce n'est pas la banlieue française qui empêche Moby de dormir. Son bus de rock star américaine en tournée se gare au pied des salles de concerts, loin du béton qui s'embrase. Il y a là une chambre vaguement bordélique, un petit salon pour bavarder, des bananes sur la table qu'il mélange aux céréales le soir après que la foule des fans se disperse. Chaque nuit le bus roule, et le dépose au matin sur un nouveau parking.
Il a toujours mal dormi. Sa silhouette de crevette blanche au nom de baleine, son crâne chauve terminé par une croix chrétienne tatouée dans la nuque, ses petits yeux cerclés de lunettes noires... tout transpire le tourment. L'entourage confirme