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Libération
Portrait

Va-t-en-grève

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publié le 19 décembre 2005 à 5h02

Au hit-parade des syndicalistes, il vient de faire une entrée fracassante. Fabien Villedieu, 28 ans, militant SUD Rail, inconnu jusqu'ici. Il est l'homme du RER D. On l'a vu, dans toutes les lucarnes, casquette, blouson en cuir marron, belle gueule de poulbot, défendre les revendications des conducteurs. Il a ainsi été adoubé par Guillaume Pepy, DG de la SNCF, qui recevait une dizaine de journalistes : «A l'heure où je vous parle, j'imagine que mon nouvel ami Villedieu doit passer à la télé quelque part.»

Dans le café où on le retrouve, vanné par le rythme de la grève (lever à 5 heures, piquet de grève dès 6 heures, couché minuit) le serveur lui glisse gentiment : «Je t'ai déjà vu, toi. T'es le syndicaliste de la SNCF, non ? Putain, vous avez foutu une merde, ma parole.» ça le fait sourire. Il faut reconnaître à Fabien Villedieu un cran certain, d'autres diront le toupet, d'avoir ainsi salué la fin d'un mouvement d'une rare impopularité : «Nous n'avons eu que des broutilles. Mais l'important est que nous sortons la tête haute. Je peux vous assurer que les conducteurs ne regardent pas leurs chaussettes, ils sont fiers d'avoir fait grève. On n'est pas à genoux. Nous sommes prêts à repartir.» A l'issue d'un conflit où il a été question à satiété des 700 000 usagers scotchés aux quais, où la SNCF a dû mettre en place des remboursements inédits, où la CFDT demande une réflexion urgente sur de nouveaux types d'action «pour ne pas se couper de la population», lui ramène sa fraise et

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