Le dernier sacristain de l'église du rock français est italien et chante en anglais. Il ne se sépare jamais de la médaille de Sainte-Thérèse de Lisieux, cadeau de sa maman. Quand il se rend au cimetière de Graville, au Havre, où reposent ses parents venus du Piémont en 1958, il leur dit qu'il est toujours leur Roberto «qui voulait faire de la guitare. Mais ce que je faisais, c'était jouer de la raquette de tennis ! Ado, quand je me voyais dans la glace, je voyais un mec myope, petit et gros, mais j'avais déjà en moi ce rêve de chanter du rock.»
La médaille est toujours au fond de la poche de son perfecto rouge : «Dernièrement, on m'a demandé de faire don de mon blouson au musée du rock ! On m'a dit : "Ouais, tu comprends Bob, Eddy Mitchell a fait cadeau d'une paire de santiags". P'tet' bien, mais Eddy, des santiags, il sait pas quoi en faire et moi, mon perf', j'en n'ai qu'un !» Roberto Piazza, dit Little Bob, ou Bob, 60 ans, a appris le français au cours Pigier : «J'suis arrivé au Havre en 1954. La famille de mon père tenait un commerce en papeterie en Italie. Mais les affaires ne marchaient pas fort. C'était la France ou... les Indes, avait dit mon père. A quoi ça tient hein ! car j'aurais pu être le premier rocker italo-indien de l'histoire.» Le pays aurait perdu un artiste, car le rock français sans Roberto Piazza, c'est le casque de Vercingétorix sans les cornes de vache. Quand il n'est pas en tournée avec son groupe, Bob touille son chaudron de cuivre et sert son velout