Quand les Beatles chantaient et coiffaient la planète, lui perdait ses premiers cheveux et écoutait Beethoven. Il avait 14 ans. «J’ai jamais été jeune. J’ai été enfant et j’ai attendu d’être vieux.» Sa voix semble indiquer qu’il y est presque. Il a 53 ans. Une gueule d’acteur populaire et cérébral. Le crâne complètement lisse. «J’ai un avantage sur les chauves tardifs, je n’ai jamais associé la calvitie à l’âge.» C’est à la largeur de ses épaules qu’on mesure la vigueur de ses tourments. Quand sa tête est trop pleine, qu’il faut mettre en déroute le cortège des pensées noires, il soulève de la fonte en salle de sport. «Suffit juste de compter jusqu’à dix et de recommencer.» Michel Blanc est baraqué maintenant.
Le cinéma a pavé le long passage qui mène de l'enfance à la vieillesse. Et si aujourd'hui, dans la rue, une affiche en forme de blague écrit : «Vous êtes très beau» sous sa photo, tandis qu'une autre annonce le déferlement médiatique des Bronzés ridés sur le retour, c'est que le plus dur est fait. Il n'est plus assez jeune pour être fâché avec lui-même. Au gré des rôles, des films joués et réalisés, il a mué et laissé quelques vieilles peaux dans les loges, comme on vide son sac. Le freluquet Jean-Claude des Bronzés, dans son caleçon trop grand, c'était la dépouille de la trop longue adolescence et de son chahut hormonal. «Il est né à un moment où j'étais très mal dans ma peau. ça peut paraître bizarre pour les Bronzés, mais c'était une démarche cérébrale pour moi que d