Léger soupçon : ne serait-il pas un fils adulé par sa maman ? Il se marre et appelle maman. «Beate ! Beate ! Ecoute cette question, celle-là, on ne me l'a jamais posée !» Beate Klarsfeld accourt. Il répète. Elle sourit. «Mais non, je ne suis pas mère juive. Il a toujours été indépendant, petit, on l'envoyait en colonie, on l'emmenait aux manifs sur nos épaules... Amour, oui ; adulation, non.»
C'est elle qui a ouvert. Visage souriant et vieillissant, réminiscence des années 70, chasse aux nazis en retraite et claque au chancelier allemand Kiesinger. A droite de la porte, une plaque en cuivre indique : «Klarsfeld avocats». Il y a là les bureaux de Serge (le père), de Beate (la mère), d'Arno (nouveau chargé de mission de Sarkozy) et de sa soeur Lida. Deux chats trouvés dans les poubelles de Jérusalem-Est. Et au fond de l'appartement, les deux pièces où vit et dort Arno, 39 ans.
Il a apporté un paquet entamé de gâteaux au chocolat. Il fait de l'oeil à ses chats, Malka et Humi. Il se rappelle avoir eu un singe quand il était petit. «Serge l'avait rapporté de son premier voyage en Amérique latine sur les traces de Barbie.» Il a pleuré pendant le dernier King Kong, quand la bête meurt.
La première fois qu'il a rencontré Nicolas Sarkozy, c'était par hasard à Longchamp. Il faisait du vélo. Le ministre aussi, il tournait avec Michel Drucker. Il s'est joint à eux. La deuxième fois, c'était juste avant Noël, au ministère de l'Intérieur, et ça ne tenait plus du hasard. Arno Klarsfeld avait