«Un Arabe, c'est noble, à l'origine, on a tout de même quelques siècles de culture dans les burnes.» Voilà ce que tient à dire, avec ses mots, le Niçois Mohamed Bouchouicha, 27 ans, né à l'hôpital Roch et élevé dans la cité de l'Ariane, pauvre royaume de «mauvaise réputation» où, au gré des immigrations, se succèdent tous les «je-ne-sais-quoi» montrés du doigt par les «m'as-tu-vu» réfugiés sur les collines dorées. L'Ariane en 2006, c'est beaucoup de drogue, de délinquance et de communautarisme tous les ingrédients d'une guerre civile rampante à la française dont habitants, policiers ou éducateurs ont, un jour ou l'autre, subi les dommages collatéraux. Et, au milieu, Mohamed, «Français musulman», en colère tout à la fois contre les arabophobes de là-bas, «en ville», et contre les francophobes d'ici, le «ghetto» où il faut bien plus d'un fil pour s'y retrouver. Prêt à montrer les dents si on méprise son nid pas douillet, le quartier de son père, Tunisien de Bizerte. Mais tout aussi désolé de voir comment certains s'y comportent. «Franchement, il y a des sauvages.» Les poubelles par la fenêtre. La violence comme un apprentissage obligatoire. Le souk fréquent, et pas le droit de s'en plaindre. Pour ceux-là, Mohamed a une appellation autocontrôlée : «Ce sont des crabes», bestioles qu'il jette dans le même panier de déshonneur que les «Français ignorants», convaincus qu'Arabe se prononce «bougnoule».
L'Ariane est une terre aride où les bons sentiments poussent plus rarement que