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Libération
Portrait

La flamme de l'aviateur

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publié le 3 juillet 2006 à 21h49

Imaginez, vous avez rendez-vous avec Bayard, du Guesclin, ou mettons le sous-commandant Marcos, pour les lecteurs de ce journal. Roland de la Poype était pilote de chasse au Normandie-Niémen, l'escadrille mythique engagée par de Gaulle sur le front russe. Seize victoires.

Sûr, vous imaginez des histoires d'héroïsme, de feu, de sang ; des histoires de Stukas furieux, plongeant dans des apocalypses ; des hordes de Messerschmitt ricanant comme des hyènes ; des aviateurs arrogants, fiers, s'affrontant, chevaliers en combats singuliers, preux, altiers, souriant à la mort ; des hussards à croix de Lorraine sur des ciels de bataille, rouge, blanc, bleu. Tout faux.

«Plus la guerre avançait, plus j'avais conscience du problème, non pas de la mort, mais d'apporter la mort. Etre derrière un avion et tirer pour le foutre en l'air. Je rentrais au terrain, je n'avais aucune joie.» Ça commençait mal. «Je chassais beaucoup autrefois. Quand vous tuez un chevreuil et que l'animal pleure devant vous, vous ne le faites pas deux fois.» La chevalerie, les duels ? «Du temps de Guynemer, ils étaient à cent mètres les uns des autres. Quand vous voyez l'adversaire, vous vous posez la question de qui est en face. Nous, c'était trop rapide, une fraction de seconde. C'était anonyme.» Où étaient les chromos aux couleurs criardes des épopées d'enfance ? Les belles escadrilles ? Les beaux jouets ?

Le Général, ce serait donc le sujet : «Nous étions une bande, nous voulions en découdre.

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