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Quartier maître

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Drôles d'oiseaux 1/6 Plaisir de la semaine: le rire
publié le 7 août 2006 à 22h52
(mis à jour le 7 août 2006 à 22h52)

Dans le bureau vide de Jamel Debbouze, de tout petits enfants regardent la télé sur le canapé, tranquilles. A côté, ça travaille dur, c'est-à-dire qu'une poignée de jeunes gens rassemblés autour d'ordinateurs échangent des vannes en fond de court, entrecoupées de considérations sur les qualités comparées des cités autour de Paris. La plupart sont des «vedettes de quartier» : ils ont commencé par faire rire les voisins, puis l'immeuble, puis l'immeuble d'à côté, puis tous les immeubles. Comme Jamel, à Trappes, au milieu des années 90. Maintenant lui fait rire tout le pays. Il a 31 ans. Quelque part dans Paris, son portable ne répond pas. «J'essaie le chauffeur», dit une assistante.

Au début de sa carrière, Debbouze s'est consciencieusement conformé à ce qu'on attend d'un phénomène de 20 ans «made in Trappes» et catapulté dans le show-biz. Il a conduit des voitures de grand luxe sans leur laisser aucune chance de rentrer intactes au garage. Il a eu des embrouilles nuitamment avec la police. Il est resté vivre à Trappes, ce que tout le monde a apprécié dans un pays conventionnel comme la France : ce n'est pas parce qu'on a du succès qu'on ne doit pas savoir rester à sa place.

Aujourd'hui, la maison de production de Debbouze est établie à une jolie adresse parisienne, derrière le parc Monceau. Lui-même a déménagé à Saint-Germain-des-Prés. La situation se corse. Debbouze est devenu un prototype, un des premiers «jeunes-de-banlieue» susceptibles de connaître une réussite du

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