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Libération
Portrait

Quand passent les couleurs

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publié le 27 septembre 2006 à 23h27

Un milliardaire monosyllabique, Luciano Benetton. Silencieux, mutique, mais présent, il se dérobe aux questions avec des réponses neutres, impersonnelles. Sur sa table de travail, la bouteille d'eau minérale, remplie d'un liquide fluorescent, évoque une boisson radioactive dosée pour un martien. Les piles nettes des dossiers s'alignent sur les rangs de vigne paysagère et les allées désertes, récurées à l'aspirateur, que l'on aperçoit par la fenêtre. Ça ne va pas être facile. Tout est sous contrôle. La pièce, de dimensions modestes, est monacalement meublée d'une lampe Tizio et d'un solide fauteuil ergonomique. Le bureau presque ascétique est situé sur une aile de la villa Minelli, une maison de campagne bâtie par de puissants marchands vénitiens au XVIe siècle, à Ponzano Veneto. En face, ceux de ses frères, Carlo et Gilberto. La bâtisse devait impressionner les paysans des Minelli, comme elle impressionne aujourd'hui le visiteur, avec ses murs peints à fresque.

Lorsqu'on demande à Eva, assistante de Luciano Benetton depuis dix-huit ans, le principal défaut de son patron, elle répond, en se mordant les lèvres : «Il est très parfait.» Ponctuel. Précis. Perfectionniste. Dans l'antichambre, une collection étincelante de trophées semble célébrer toutes les victoires remportées par la marque depuis sa création. Les lauriers de la Formule 1. «En 1994, nous étions champions du monde avec Schumacher et Flavio Briatore, chef d'orchestre d'une formule magique.» Le visage u

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