Lorsqu'il est seul, Chalumeau se prend à rêver qu'il invente un truc qui n'existe pas. C'est un sujet qu'il aborde à regret, comme s'il pouvait être suspecté de vantardise, comme s'il entendait déjà Cyril, Sébastien ou Franck éclater de rire à l'Avenir. Au Cailar, 2000 habitants en Petite Camargue, ce qu'on nomme l'Avenir est un bar sur la place de la République.
Chalumeau allume une cigarette. «Attention, je n'ai pas dit que j'étais Einstein, mais, parfois, quand je regarde quelque chose, c'est comme si mon cerveau se mettait à fonctionner tout seul.» Chalumeau a ainsi eu l'idée d'un humidificateur de bar. Ou d'une tringle à rideau qui s'éclaire de l'intérieur. Qu'on se rassure : aucune de ses inventions et il y en eut plus de trente n'a connu de suite avant août 2005, dans une rue de Nîmes. Ce jour-là, le «quelque chose» qui attire l'oeil de Chalumeau est «une gonzesse bien foutue qui avance en plein soleil dans un jean taille basse». Peut-être même qu'un piercing pétille à son nombril, mais Chalumeau n'en est plus sûr. En tout cas, sa phrase magique c'est comme ça que Chalumeau l'appelle lui vient aussitôt à l'esprit : «J'ai une putain de bonne idée.» Et il a foncé chez Richard.
S'il fallait une fable pour raconter en mots simples ce concept insaisissable et vertigineux de «mondialisation», elle pourrait s'intituler les Aventures de Chalumeau en Chine. Chalumeau a 37 ans et, par-delà Lunel ou Aigues-Mortes, l'état civil s'ob