Il y a manière et manière d'annoncer la nouvelle. L'optimiste, teintée de fierté officielle : un homme à la peau noire est en charge du troisième budget culturel de l'Etat. La pessimiste, frappée d'une stupeur silencieuse qui court certains milieux intellectuels : l'adjoint du Navarro sur TF1 est en charge du troisième budget culturel de l'Etat. Les deux versions parlent d'un franchissement de ligne. Jacques Martial, comédien, a été nommé par décret président du parc de la Villette, à Paris.
On ne voit rien, d'abord, des frontières passées. Sa grande carcasse diffuse le calme plus que la force, sa voix n'emprunte aucune déviation vers le haut, le bas ou la colère. Tout est encore blanc et vide dans son bureau situé à droite de la Grande Halle, ex-charpente des abattoirs qui s'annonce en lettres rouges et lumineuses. On dirait que son prédécesseur n'a rien laissé. Un grand commis de l'Etat est habitué à ce qu'un autre techno lui succède. Dans le fauteuil de Bernard Latarjet, ingénieur des Ponts et Chaussées et conseiller de Mitterrand, s'assoit Jacques Martial, au casier institutionnel vierge. La Villette, c'est 31,4 millions d'euros, troisième fortune donc, derrière la Comédie-Française et l'Opéra. C'est encore 35 hectares, le président a la charge du plein air, de la programmation d'expos et de spectacles (certains lieux comme la Cité des sciences et celle de la musique ont une gestion autonome). Il fait mine de prendre naturellement possession des lieux. Dit avoir présenté