Dans Hollywoodland, Ben Affleck est parfait. Cheveu gominé, sourire extrawhite, épaules et mâchoire carrées, il joue George Reeves, un acteur trouvé mort dans son lit, tué par balle. Suicide ou meurtre ? La question est d'importance, en cette fin des années 50 : Reeves est une star, adulée des gamins américains pour son interprétation de Superman à la télé (rien à voir avec Christopher Reeve)... Evidemment, le rôle de superhéros n'allait pas revenir à Adrien Brody. Lui, on le retrouve sous les traits d'un privé chargé de contre-enquêter. Simo est fin limier, teigneux, malin. Mais il fait pitié : tricard auprès des flics, séparé de sa femme, boudé par leur fils... Le fragile et le tourmenté, ou le marginal, voilà le registre naturel du roseau Brody. En tout cas celui auquel on le raccorde spontanément, sachant que dans la mémoire collective, il demeure pour l'heure le pianiste de Roman Polanski, virtuose juif de Varsovie sauvé in extremis de la déportation par un officier nazi et mélomane. Un rôle qui lui a valu de devenir, à 29 ans, le plus jeune lauréat de l'oscar du meilleur acteur, sans que quiconque y trouve à redire. Dans la peau (sur les os) du Juif errant, il y est impérial de dignité hâve, saisissant de solitude frôlant la folie. A en oublier que depuis, il a enquillé les tournages et varié les registres : The Village (Shyamalan), King Kong (Peter Jackson)... A en oublier, aussi, qu'il est dans le business depuis l'adolescence.
On est à la