Voici le dircom de la Terre. C'est à lui qu'elle a confié son image. Elle se laisse regarder d'en haut, sublime ou abîmée... Il l'accroche aux grilles du jardin du Luxembourg, lui décroche la une des magazines, les prime time à la télé, le préau des écoles et même un vrai contrat avec le cinéma. Il est dévoué, sincère, efficace. Il n'a pas inventé la photo vue du ciel, mais il a su en faire un système à haut débit. D'ailleurs, il ressemble de plus en plus à Ted Turner, le patron de CNN, tandis que l'écologie prend le masque d'une opinion majoritaire et s'offre de nouveaux héros. Nicolas Hulot en inconnue de la présidentielle ou Al Gore, ex-vice-président des Etats-Unis en tournée mondiale avec son film sur le réchauffement climatique : Une vérité qui dérange. «C'est moi qui l'ai fait venir à Paris», explique le dircom.
Dans l'agence d'Arthus-Bertrand, c'est souvent pique-nique le midi. Trop de boulot. Ce jour-là, c'est sushis, thé vert et macarons. On blague, on partage tout, on se raconte les pannes du vélo électrique comme ailleurs les aléas de la circulation. Ils sont entre quinze et vingt, ils sont jeunes, lui rêve à voix haute d'être bientôt grand-père. Parfois, le chef de tribu sent l'ogre, ses phrases rapides et enveloppantes transpirent l'autorité. Il est homme d'équipe et de tablée. Il n'aime pas être seul. C'est sûrement pour ça qu'il ne dit jamais «vous», comme le lui a appris sa prestigieuse famille, mais «tu» tout de suite et où qu'il aille.