Sur la petite boîte électronique accrochée à sa ceinture, il y a un bouton rouge où il est écrit SOS, et en dessous quatre touches allant de 1 à 4 en fonction du danger. L'alarme disparaît derrière une veste sombre. Le costume-cravate, ça fait quatre ans qu'il s'y est mis pour se distinguer de la salle des profs, «parka et gauche obligatoire». Il leur ressemblait de moins en moins et tenait à ce que ça se voit. Tout à l'heure, un motard des Renseignements généraux viendra le chercher, pour l'escorter vers l'aéroport. Il rejoindra le Sud-Ouest, les gendarmes l'accueilleront, l'emmèneront chez lui, une nouvelle maison sans adresse, ni boîte aux lettres. Il relève son courrier à 40 kilomètres de là, il s'y rend chaque jour en voiture. Pour le pain, c'est pareil, il choisit une boulangerie à une heure de route. Il y va seul, son bouton SOS-fatwa à la ceinture, la protection s'est assouplie, mais surtout, ne pas créer d'habitudes. Il dit qu'il n'a pas peur. Que ce sont les autres. Ce n'est pas sûr.
Robert Redeker est un monsieur petit, rond et gris, professeur de philosophie en Haute-Garonne. Sa plume sulfureuse masque un être engourdi. En septembre dernier, il publiait une tribune dans le Figaro, tableau d'un islam intrinsèquement violent à l'image de son prophète. Des islamistes le condamnaient aussitôt à mort. Donc à la réclusion. Il vient de publier le récit de ces derniers mois. C'est le journal d'un homme qui compte et recompte : qui le soutient, qui l'oubl